Un jour, j'ai un copain qui m'a posé la même question... Dans les grandes lignes, voici ce que je lui ai répondu :
D'abord, tu disposes de 4 ressources, comme tout le monde :
1. ce que tu es, ta personnalité, ce que tu aimes, ce que tu n'aimes pas, ce qui t'inquiète ou te rassure. Bref ce qui fait que tu es toi.
2. ce que tu sais, tes compétences, tes connaissances, tes savoir-faire. Bref tout ce que tu peux utiliser pour faire et partager
3. ton réseau, ta familles, tes amis, tes copains, tes relations, tes (anciens) collègues, tes commerçants que tu connais bien, tes liens dans les assoc, ... Bref toutes celles et ceux qui ne sont pas toi.
4. toutes tes possessions, matérielles ET immatérielles (le temps par exemple, une situation, un peu d'argent, ...)
Ensuite, quand tu prends ça, avec un catalyseur - un événement, une parole, un texte, une insomnie, une vision, ... - tu obtiens une idée, celle qui sera la base de ton projet entrepreneurial. Dans toutes tes ressources sus-mentionnées, tu vas en prendre certaines (ou toutes ;) ) pour commencer à agir, à lui donner forme à ton idée, à l'incarner. Et globalement, c'est en fonction de ces moyens que tu vas te fixer tes premiers objectifs. Oh oui, facile de se dire : "bon, pour mon idée, il me faudrait 50 k€". La réflexion à avoir c'est plutôt de se dire : "et pour 5k€, je fais comment ?" et d'aller encore plus loin "et pour 0€, je fais comment" ? Forcément, ce sont bien tes moyens qui vont déterminer tes premiers objectifs et tes premières actions. Et ces moyens que tu mets dans ton idée, c'est ça ton "risque". Tu prends ça, tu te définis ça comme limite, comme "perte acceptable". Etant donné que tu pars avec quelque chose de défini et que tu acceptes de perdre, tu peux développer ton projet "sans te prendre la tête" à ne pas vouloir perdre quelque chose puisque tu as déjà acté sa perte.
Avec tes premières actions et les premières incarnations de ton idée naissent des opportunités. Un peu à la manière Lean Startup et/ou Design Thinking dans sa partie prototypage, tu vas confronter ta proto-idée au réel. C'est bon, ça le réel ! Donc, pour ça, tu vas te tourner vers les gens. Tu vas leur demander leur avis, etc... Et puis, tu vas faire évoluer ton idée, jusqu’au jour où tu verras quelqu'un qui sera vraiment intéressé par une forme évoluée de ton idée. Et là, eh bien il faudra "l'engager". Alors par engager, j'entends : si lui t'apporte une réponse à ton besoin, il faut que toi aussi tu apportes une réponse à son besoin. Là, tu as les bases pour passer un accord avec lui. Accord au sein duquel vous pourrez co-construire, agir ensemble. Par exemple, ton idée séduit un investisseur (qui est dans ton réseau ou le réseau de ton réseau - love money, business angel, friend money, ...) qui souhaite s'embarquer avec toi. Ou alors c'est quelqu'un qui serait disposé à profiter d'une de tes compétences et qui en contre-partie accepte de te construire une mini-série d'un produit fabriqué, par exemple...
Bref, plus tu vas "engager" de parties prenantes, plus ton projet deviendra viable. Pas rentable, hein ? viable. Bien sûr, tes parties prenantes, elles vont t'apporter des ressources (un local, un téléphone, de l'argent, des compétences, etc...). Et toi, avec ces nouvelles ressources, ces nouveaux moyens, ben forcément, tu vas te définir de nouveaux objectifs. Qui seront un peu plus ambitieux, qui t'amèneront un peu plus loin. Et paf, le cercle vertueux est démarré. Le principe c'est que plus tu vas réussir à engager de parties prenantes (même si elles ne "font que passer" dans ton projet pour n'y pas rester, comme d'autres qui y resteront tout du long), plus ton projet sera viable. Moi, par exemple, ma première partie prenante entre toutes, c'est ma femme, qui me soutient et m'aide dans ma démarche d'entrepreneur. Ce sont mes associés dans mes différents projets, mes clients, mes partenaires, etc...
Bon, forcément au cours de tout ce processus, tu vas avoir des surprises, bonnes ou mauvaises. Tu vas peut être même découvrir d'autres choses sur le chemin qui risquent de fortement (ré)orienter ton idée. Le Lean Startup appelle ça "Pivoter". Bon, sois ouvert à tous les possibles ! Ikéa, au début, vendait des journaux et du poisson séché. Nokia vendait du papier et Peugeot fabriquait des moulins à poivre. Comme quoi... Mais en fait, ton problème c'est pas tant que ça soit positif ou négatif. Non, ta préoccupation c'est de te dire : comment je peux tirer parti de cet événement, de ce qui se passe ? C'est quoi l'opportunité qui se cache dedans ? Par exemple, finalement, il n'y a personne qui veut s'engager dans ton projet. Ca semble pas cool, comme ça. Mais en fait, c'est une super information que ton projet n'est pas bon ou LE bon. Alors, comment tirer parti de cette information ? Ben en pivotant, par exemple :) Comment conserver la finalité de l'idée tout en reprenant le business model. Par exemple, ton projet de monter un restaurant ne séduit pas grand monde. Ben tu peux pivoter vers un "food truck" et aller dans des zones industrielles ou commerciales.
Mais, avec tout ça, n'oublie jamais que c'est avant tout toi qui est le "pilote dans l'avion", c'est toi qui agis et qui décide des orientations de ton projet.
Voilà... bon, parmi le parties prenantes, tu as effectivement les sites de crowdfunding, les investisseurs de ces sites, etc...
Sincèrement, si la démarche est bonne, si le pilotage est bon et si le nombre de parties prenantes est croissant, l'argent, il viendra. Forcément.