Régulièrement, je lis que la France "subit" une pénurie de professionnels de l'IT.

Pour ma part, je fais le constat suivant:

- Beaucoup d'ESN préfèrent les diplômes à l'expérience

- Beaucoup d'entreprises refusent d'embaucher les plus de 40 ans (je suis d'ailleurs surpris que personne au niveau de l'état ou de l'inspection du travail n'étudie l'âge des personnes recrutées)

- L'activité économique restent localisée pour ne pas dire focalisée sur les métropoles en particulier la région parisienne

En regardant rapidement sur Linkedin, je constate que ce ne sont pas les profils IT en recherche qui manquent...

Bref, selon vous à qui profite cette "pénurie" ?

recrutement societe penurie
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2 réponses

il y a 6 ans par ChristopheFantoni

La plupart du temps, les recruteurs recherchent Superman… et s’étonnent de ne trouver personne. Pour moi, cela fait bien longtemps qu’il est retourné sur Krypton. Mais apparemment, le message ne semble pas être bien passé dans la tête des DRH qui continuent à le traquer, comme Doomsday traquerait Superman. Plus sérieusement, venant de leur part, cette démarche de non-recrutement me semble parfaitement volontaire.

D’autant plus que les recruteurs semblent de plus en plus être ignorants du secteur dans lequel ils sont censés recruter. Quand ce n’est pas leur jeunesse qui les pousse à avoir une vision idéalisée du monde du travail où le recruteur n’est là que pour embaucher « le meilleur des meilleurs » (d’ailleurs, il faudrait qu’ils arrêtent un peu de fantasmer le modèle américain – très largement mis en avant dans leurs films –, car visiblement ça leur monte à la tête).  

Bref, vous l’aurez compris, le non-recrutement des IT de la part des DRH me semble davantage être une façon d’exister, d’être utile.

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il y a 6 ans par PascalW

C'est un peu dur pour les RH, non?

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il y a 6 ans par ChristopheFantoni

Je ne pense pas. Des RH comme je les décris, j'en ai connu plein. Et encore aujourd'hui, le métier ne semble pas avoir évolué si je m'en réfère à ce que me raconte mes petits camarades travaillant encore aujourd'hui pour un grand groupe/une grosse PME.

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il y a 6 ans par FredericLibaud

Bonjour,

Sans prétendre tout savoir, je peux affirmer que je suis au fait de ce qui se passe du fait de certains rôles que j'occupe.

La DARES (dares.travail-emploi.gouv.fr/) a mené des études sur le sujet, le MUNCI (munci.org/) la également traité.

De plus, j'évoque le sujet dans cette article d'ailleurs : blog.numx.info/index.php?article72/on-marche-su....

Le secteur du numérique/de l'IT est un domaine ou la sous-traitance est forte et peut être faite quasiment n'importe ou.

Le taux de chômage dans les métiers de l'IT est aussi élevé que le taux général en France. La population des demandeurs d'emplois est fortement composé de senior. Des personnes expérimentés que l'on ne recrute pas, au profit de profils plus jeunes.

Toutefois, ceux recherchés doivent êtres quand même expérimentés. Pour caricaturer, ils doivent avoir : Bac+5, 5 ans d'expériences et moins de 30 ans. Sachant que à plus de 40 ans on est un senior, il va falloir considérer que la carrière d'un professionnel du numérique est comme celle d'un grand sportif, très courte. Toutefois, il n'y a point de mercato dans ce domaine !

Alors que le numérique est médiatisé, porté par un vif intérêt 97% des entreprises française du secteur on moins de 250 salariés, plus 90 moins de 10. Autant dire que ce sont de très petites structures. Elles font forcément pas le poids vis-à-vis des 3% restante qui représente la moitié du CA de la branche, dans un marché devenu planétaire. Celles-ci sont essentiellement des entreprises de services, nous n'avons en effet que peu d'éditeurs de taille importante.

Nous ne pouvons toutefois que constater la méconnaissance de ce domaine par nos élites, qui aujourd'hui se disent que le numérique va permettre de sauver l'économie du pays. Ce qui est logiquement faux, car on ne peu baser une économie tout entière sur une seule activité, cela représente un prise de risque énorme. Et les besoins ne sont pas finalement si important que cela puisqu'il y a des demandeurs d'emploi. D'ailleurs certains décisionnaires reconnaissent ne pas connaître ce domaine, du fait de différents facteurs.

Sauf qu'il y a d'autres aspects qui viennent en conjonction, comme la formation continue qui doit être amélioré alors que nous disposons des outils nécessaires. Comme le FAFIEC, OPCA de la branche qui fait un énorme travail avec des moyens qui restent somme toute relativement limité.

Car nous sommes dans un domaine ou la compétence est volatile et doit continuellement être renouvelée, mise à jour.

Le modèle économique des ESN (entreprises de services numériques - ex. SSII) s'épuise de part différents aspects, expliquant entre autre le fort "turn over" des éffectifs. Certains phénomènes sociétaux qui viennent les challanger...

Alors certes le professionnel du numérique n'est plus vu comme un gourou, lui seul étant en mesure de maîtriser le "dragon informatique" comme on pouvais le voir dans les 80/90. Toutefois, les usagers et décisionnaires manquent cruellement de compétences pour pouvoir être totalement autonome.

Ils doivent donc se transformer en médiateurs des usages du numérique entre autre,  mais pas que...

Quand à la supposer pénurie, celle-ci s'alimente de la difficulté de recruter des profils jeunes mais opérationnels, car même si les écoles forment plutôt bien. Certaines compétences aussi bien dans les domaines du savoir faire, que du savoir être peuvent leurs faire cruellement défaut.

N'oublions pas également que nous sommes dans un domaine ou la sous-traitance en cascade est reine et que nombreux sont les indépendants, d'ailleurs présents sur Linkedin pour la plupart. Le corollaire c'est le développement des plates-formes d'intermédiation dont le nombre explose et pas que dans le domaine du numérique d'ailleurs. Phénomène logique, puisque plus d'un tiers des actifs aux USA sont indépendants et que nous prenons le même chemin. Ce qui explique certaines décisions en matière d'évolution de certains dispositifs ou statuts.

La soit disant pénurie profite à la chaîne d'intermédiation qui vendent à prix fort les têtes et mains nécessaires pour faire fonctionner des systèmes qui dans bien des cas pourrais avoir une meilleur efficience. Car celle-ci à un coût, de l'ordre de 25% en moyenne, j'ai même vu un structure prenant plus de 60% de marge sur une prestation sous-traitée. Ce qui désavantage le client finale et le prestataire exécutant, qui est comme je l'ai dit très souvent un freelance.

Ce que je dit ou écrit n'engage que moi, il ne faut toutefois pas avoir de fait très grande études pour comprendre qu'avec ces mécanismes on va droit dans le mure. Car autant nous avons besoins de profils jeunes, ils nous faut également des professionnels aguerris.

Mes propos vont êtres durs mais, je prédit que dans les mois et années qui viennent ces phénomènes vont s'exacerber et finalement ne vont pas profiter aux clients (utilisateurs) bien au contraire. Ces derniers vont se trouver confronter à des dysfonctionnements encore plus importants que ce qu'ils connaissaient jusqu'à présent ! Et cela touchera aussi bien les grandes structures que les plus petites.

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il y a 6 ans par PascalW

Merci pour ta réponse.

Je pense pourtant que tu ne soulignes pas assez le rôle des clients, en particulier ceux du CAC40, dans l'équation.

Aujourd'hui, c'est eux qui réclame du offshore dans des pays émergeants de façon de moins en moins voilée.

Je pense que tu confonds client et utilisateur! Autant le client se félicite de la "maîtrise des coûts" autant l'utilisateur, lui subit une dégradation du service et est victime du "Good Enough" ambiant.

Pour ce qui est des grandes entreprises, je ne pense pas qu'on puisse dire que les décideurs manquent d'autonomie. Clairement, ils en ont pas besoin! Ils rejettent la responsabilité sur leurs prestataires (IT, HSE, RH, Achats,...) Ils peuvent ainsi gérer ces sujets comme des boites noires, des lignes budgétaires sans jamais entrer dans le détail technique.

C'est une façon de se recentrer sur son métier et d'avoir un coupable sous la main en cas de soucis.

C'est ce qui m'a toujours gêné dans le monde PME. Beaucoup pense que mon métier est composé d'une suite d'astuces. La vulgarisation et l'informatique de loisir aident entretenir le mythe.

Il me semble important de dire que le manque de visibilité entretenu par les clients est volontaire. Dans mes dernières missions mon management avait une visibilité de moins de 3 mois sur l'activité! Alors que le client avait une feuille de route écrite depuis plusieurs années.

Ce manque de visibilité entretien le "turn-over" puisqu'une SSII aujourd'hui ne peut mettre en place de gestion de carrière. Le seul moyen efficace de progresser pour le collaborateur est donc de changer de boîte. Il intervient ainsi sur un nouveau contrat et à terme il devra changer.

Sur des grandes villes, c'est finalement assez fluide mais sur des zones comme l'Adour ou la pointe bretonne,  l'activité est trop faible pour cela.

Au risque, moi aussi d'être dur, considérer comme sénior quelqu'un qui a 5 ans d'expérience fait sans doute plaisir aux jeunes loups des Grandes Ecoles. Le plus souvent cette expérience n'est acquise chez un seul client (je parle dans le cas des SSII) et la personne manquera souvent de recul pour intervenir dans un nouveau compte.  (En général on compte 6 mois pour comprendre et être autonome dans un nouveau compte)

Concernant le fonctionnement en sous traitance ou en co traitance, cela ne se fait qu'avec l'accord formel du client. A priori on doit même indiquer lorsqu'on a recours à l'interim ! Je le redis, le client n'est otage du fonctionnement actuel il en est souvent le principal commanditaire.

Enfin , sur ta prédiction de cataclysme technologique:

Je vais être honnête cela m'arrangerait! Pourtant, il faut bein comprendre 2 notions centrales:

- Le faible qualité des supports externalisés va permettre de "faire un peu le ménage" et de ne garder que ce qui est vraiment utile. Beaucoup de grandes entreprises ont des multitudes de processus internes dont la seule utilité est d'occuper des foules de gens J'ai constaté que devant la faiblesse du support (en Inde, au Maroc,...) a poussé les gens à abandonner de nombreuses tâches sans que cela n'affecte finalement l'entreprise.

- A l'étranger, ils ne sont pas plus idiot que nous! Avec le temps le service va se roder et s'améliorer. J'ai d'ailleurs accompagné à plusieurs reprises les "services desk" d'un grand groupe pour l'améliorer et optimiser certaines de ces missions.

J'ai donc bien peur que l'externalisation des centres de services informatiques soit un phénomène qui s'inscrivent dans la durée.

Pour conclure: Je ne parle que de SSII et rarement d'ESN parce que je n'ai rien avoir avec CDiscount ou PriceMinister!

Mon métier c'est le service IT au bénéfice de mes clients, pas la vente directe en ligne. Et je me moque bien des dénominations officielles.

Une nouvelle fois merci pour ta réponse.

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