Je n'ai pas formalisé de document, mais c'est vrai, qu'à l'époque, j'avais l'intention d'écrire un livre sur le sujet. En résumé, ma méthode s'appelait "la théâtralisation de l'apprentissage" et partait du principe, en relation directe avec le fonctionnement de la mémoire, que nous retenons beaucoup plus facilement ce que nous jouons, ou pour être plus exact, ce que vivons de l'intérieur. En clair, en utilisant simultanément l'ensemble de nos sens, notre mémoire est tellement en état de stimulation qu'elle se transforme — sans le vouloir — en véritable éponge. Par exemple, pour enseigner la vie d'Akira Kurosawa (j'enseignais le cinéma), ou encore celle de Jean-Michel Basquiat (j'enseignais aussi l'histoire de l'art), je demandais à mes élèves de monter sur les tables et de passer d'une table à une autre, en me racontant ce qu'ils savaient de leur vie. Ici, la notion d' "équilibre" amplifie considérablement l'attention, ce qui facilite le travail de la mémorisation. Autre exemple : pour la vie de Spielberg, les élèves vont jouer à "chat" en renversant les tables de la classe et en se cachant derrière, utilisant cette fois-ci la "peur" comme facilitateur mémoriel, pendant qu'une personne (moi ou quelqu’un d’autre) les cherche, tout en faisant un exposé de la vie du père d'E.T. L'amusement qui en d'écoule, couplé en plus à l’absence de routine, permet ainsi à n'importe qui de mémoriser quasiment n'importe quoi.
Maintenant, si cette méthode fonctionne aussi bien, c’est tout simplement parce que c’est celle que nous pratiquons tous, de manière inconsciente, depuis notre petite enfance.