Je regrette que mon constat apparaissent à tes yeux comme incomplet et partial. Incomplet sans doute, partial je ne sais pas...Mais comme je donne mon avis, j’ai forcement un parti pris (le mien)
Je te rejoins sur le fait qu'une constitution est le reflet d'une époque avec ses aspirations et ses espoirs. En ce sens, effectivement la question que tu poses est pleine de sens.
Dans la déclaration de 1789, il est fait référence aux hommes et aux citoyens... si je ne me trompe pas, les femmes et les esclaves n'étaient pas concernés.
Je te remercie pour le lien vers notre constitution. Je pense qu'elle devrait être étudié en classe et au moins lu au collège. Cela aiderait à faire de nos chérubins des citoyens informés. Etant un ancien des Lycées Militaire, l'étude de la déclaration de 1789 et de la constitution de 1958 (tout comme les nombreux couplets de la Marseillaise) ont fait parti de mon quotidien d'alors.
Puisque tu m'as invité à m'ouvrir à d'autres constitutions, je te propose (si tu ne les connais pas déjà) de lire la constitution de la Nation Iroquoise. Je l'ai découverte à travers les récits de voyages du Baron de Lahontan (gloire Béarnaise méconnue). Cette constitution d'abord orale puis écrite en Anglais au XVIII° (les Iroquois étaient alliés aux britanniques y compris lors de la guerre de 7 ans).
Selon mes lectures, elle aurait servit de modèle à l'écriture des chartes des premières colonies comme la Virginie et de la constitution américaine.
A lecture de ce texte, on n’a aucun doute qu'il soit le reflet de son temps et de sa culture...Il est un peu plus "poétique" et imagé que nos textes européens.
Dana sa lignée, la constitution Cherokee de 1839 est dans un style plus européen. L'idée du peuple Cherokee à l'époque était de se doter d'institutions et d'un système politique calqué sur celui des Américains. Ainsi, il espérait pouvoir mieux se comprendre et cohabiter en bon voisinage. Les Cherokees faisaient partis de ce qu'on appelait les "nations civilisées". La bataille juridique contre les états Unis n'est toujours pas finie pour eux.
Bref, est ce que nos aspirations et nos espoirs ont changé depuis la rédaction de la Déclaration Universelle de 1948. Elle a été rédigée juste après la seconde guerre mondiale et je pense que son contenu en est sans doute marqué. Il est aussi probable que la volonté de poser de nouvelles bases, meilleures, a guidé les rédacteurs et signataires.
Soixante dix ans plus tard, le monde a changé. Il a été reconstruit, le bloc de l'Est s'est disloqué, de nouvelles nations ont émergés. Cependant pour moi le message Idéal et universel reste le même et surtout reste d'actualité.
Tu demandes s'il est nécessaire de la faire évoluer pour contrer le politiquement correct, pour éviter des dérives et redonner du sens aux mots?
Je pense que cela ne serai pas très efficace. Selon moi plus qu'un problème de charte ou d'éducation, nous sommes face à une société de consommation où l'information est un produit comme les autres. Nous consommons de l'information et plus elle est prédigérée plus elle est assimilable. Nous n’avons plus d’effort à fournir.
Je vais reprendre tes 3 points:
- Contrer le politiquement correct:
Finalement, tout le monde sait ce que c'est mais personne ne sait précisément le borner. Pour moi, c'est un problème de convention sociale. Répéter ce que disent les gens de la télé fait de nous des êtres aussi brillants qu’eux. Ces gens qui nous éclairent par la "petite lucarne" sont particulièrement prescripteurs...et malheureusement qu'ils s'appellent PUJADAS ou HANOUNA, Nous les croyons sur parole, pour ne pas dire que nous les singeons. J’avoue que là, je ne sais pas ce que je pourrai écrire dans une nouvelle déclaration des droits de l'homme pour lutter contre cela. Que chacun a droit à son libre arbitre? Que l‘esprit critique est un devoir ? C’est prendre le risque d’exciter un peu plus les fous de Dieu (et peu importe lequel)
Ce que je dis de la TV est encore plus vrai pour Internet. Nos autoroutes de l’information sont jalonnées de panneaux publicitaires plus racoleurs les uns que les autres, de pirates de la route et de vérités contrôlées.
- Redonner du sens aux mots
C’est une évidence les langues vivent et évoluent avec ceux qui les emplois. Je ne pense pas qu’aujourd’hui les mots aient perdus leur sens. J’ai justement l’impression qu’on veut parfois les sacraliser, leurs donner une portée supérieure. Dans mon métier, on appellerait cela, une escalade. On prend des propos anodins et en leur donnant un contexte différent, on cherche à leur donner une signification plus grave pour renforcer son propos ou susciter une pitié ou une condamnation.
Un exemple est le quiproquo qu’il y a eu, il y a quelques temps sur une de mes réponses sur Skiller. J’avais utilisé, visiblement de façon maladroite l’expression « solution finale ». Le sens de ces mots pour moi dans le contexte de la question était sans ambiguïté et surtout sans référence à la Shoah. Mais quelqu’un s’en est ému. Je ne lui en veux pas mais mes mots ont pris ici une signification qui a dépassé leur simple sens.
Peut être est ce la différence entre « sens » et « signification ». Je ne suis pas très fort (non plus) en sémantique.
Donc que pourrait bien contenir cette nouvelle déclaration pour éviter cela… Que le sacré et les tabous sont conditionnés à un contexte ? Ce ne serait plus très universel. Que chacun peut s’exprimer librement ? Je crois que ça y est déjà (Art.19)
Peut être par contre faudrait il revenir aux limitations de la liberté de la déclaration de 1789, art.4
« La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui » Mais il faudra être plus précis sur la nature de la nuisance, ce serait trop facile sinon.
- Les dérives des « -istes »
Ce dernier point est sans doute le plus faussement aisé. Finalement, ne serions nous pas tous un « -iste » quelque part pour les autres ? C’est tout ce qui nous sépare? Quelles sont les limites acceptables ? C’est tout l’objet de cette déclaration, ce qui en fait son universalité…et toute difficulté de ta question.
Enfin, est-ce que les progrès technologiques doivent être pris en compte dans cette déclaration ?
Si je considère les 2 constitutions amérindiennes que j’ai pris en référence, elles contiennent des choses du quotidien. Il serait donc pas illogique qu’une nouvelle déclaration contiennent des éléments comme la neutralité du NET, la liberté d’’information, la protection des données personnelles, le droit à l’oubli et le droit à une dignité en ligne (contre les « haters »). Cela ne va pas rendre cette déclaration plus applicable que l’actuelle. Masi je suppose que la reconnaissance internationale de ces droits sera une avancée symbolique prouvant la maturité de nos sociétés.
Pour l’instant je ne vois pas de raison qui mériteraient d’inscrire les lois d’Asimov. Ce sera sans doute pour une V3.
J’ignore si notre échange est conforme au débat que tu espérais avec ta question. Mais je tiens à te remercier de m’avoir donné l’occasion de me dérouiller un peu le « COGITO » et d’éprouver mon orthographe (j’ai beau avoir relu plusieurs fois, je sais que demain, en me relisant, je vais me faire saigner des yeux)
Bon weekend