Ce sont les sensations qui manquent le plus avec la numérisation à tout-va. Quand je parle de « sensations » je ne parle pas celles que l'on peut percevoir intérieurement (par exemple, être touché par la beauté d’une musique ou par la dramaturgie/le propos d'un film) mais bien celles que tous les autres sens permettent de percevoir lorsque l’objet n’a pas été dématérialisé. Quelques exemples. Dans les livres, on le retrouve avec le toucher du papier. Dans le monde des jeux vidéo, et plus particulièrement dans le monde du rétro-gaming, dans tout le tout cérémonial qui tourne autour de la découverte du packaging (avant leur standardisation) permettant de choisir titre auquel on s’apprête à jouer. Dans la musique, et plus particulièrement dans le monde des vinyles, dans la découverte des illustrations inédites accompagnant le disque. Tout cela, avec le numérique, a été réduit à néant, ce qui fait que les accros à la numérisation à tout-va papillonnent le plus souvent d’un titre à un autre. Tout ceci explique notamment le formalisme ambiant qui règne aujourd’hui dans le secteur artistique.