Pour ma part, je suis absolument pour. Tout d'abord, parce que c'est ce que nous faisons tous au quotidien, dans notre vie "globale" (pro + perso). C'est donc un mécanisme cognitif et psychologique naturel.
Par contre, en entreprise, il risque de rencontrer l'écueil que tu mentionnes, à savoir "terminer ce que l'on a à faire". Pourquoi ? Comme le dit
@oimoci, beaucoup d'entreprises ont des indicateurs, des KPI, etc. Quel est un des effets premiers de ces indicateurs ? "Dis moi comment tu me mesures, je te dirai comment je travaillerai/me comporterai" (c) Eli Goldratt. Et ça, c'est un principe ou une règle extrêmement anesthésiante, sans compter que nous sommes *tous* formés à penser de la sorte "follow the rules", depuis la plus tendre enfance jusqu'aux plus grandes écoles et toutes ces méthodes magiques d'optimisation de tous les process possibles et imaginables.
Pour autant, cela ne veut pas dire impossible. Beaucoup sur #Skiller sont là pour le prouver. Enfin... *de nos jours* ce n'est plus impossible. En premier lieu parce que le schéma cognitif décrit ci-dessus est toujours présent. Mais aussi parce que, autant les individus que les entreprises ont pris conscience du besoin de l'épanouissement de l'individu. Même si je ne suis pas salarié, beaucoup savent que j'ai pas mal de "side projects" simultanés :) C'est en fait un besoin pour moi, que certains qualifieraient d'éparpillement. Pour moi, il s'agit simplement de stimuler, explorer, découvrir, apprendre, amorcer tout un tas d'idées différentes et d'essayer - et certaines fois ça marche - de concilier tout ça dans un ensemble cohérent. Et souvent je prends d'un "side project" pour le mettre vers un autre "side project", voire fusionne plus ou moins deux "side projects" ( ce qui fait que je vais probablement lancer en 2016 un "business studio", une sorte de "startup studio" mais pas que startuping ;) ).
Comment dès lors, en entreprise, faire en sorte de créer et développer cet espace personnel, individuel ET collectif, lié à d'autres choses ? L'exemple que tu donnes dans ton ancienne société est une excellente option. Pour autant, il y a un côté injonction qui se marie mal avec cette notion de "faire du perso au boulot". Cela rejoint un peu l'injonction paradoxale : "Soyez créatifs !". Il y a aussi la taille (en nombre de salariés comme en "marge") qui joue, encore que. Selon moi, si tu veux développer ce genre de projets en entreprise, c'est à dire concilier l'esprit "follow the rules & hierarchy" si cher à tout notre héritage culturel professionnel et un "break the rules" qu'introduit cette idée, il est important en premier lieu que cela vienne "d'en haut", c'est à dire du patron ou de la direction (je parle là pour la majorité des entreprises). Ensuite, il ne faut pas que cela soit une injonction mais tout simplement que le patron ou le membre de la direction qui initie cela "mette la main à la pâte" et démarre lui même un "side project" (principalement parce qu'il en a envie). Et en équipe qui plus est ! Equipe où il sera le plus inclusif possible. Par contre, pour que ce genre de projet d'entreprise fonctionne, il est important que DANS ces "side projects", on n'y retrouve pas la hiérarchie de l'entreprise, mais une autre hiérarchie : celle du "side project". Pour essaimer, simplement avoir son bureau (de dirigeant) ouvert à certaines périodes en expliquant qu'il ne sera ouvert QUE pour "pitcher" un "side project". Il doit y avoir un "leader" qui démarre l'esprit, qui amorce une "gestuelle" dans l'entreprise, en invitant les collaborateurs dans cette gestuelle. Et laisser les gens venir. Parce que seuls certains qui sont "au bord de" viendront en premier. Et tu te retrouveras, de toute façon avec les 15% d'early adopters, les 15% de "talons plantés" et les 70% qui iront "p'tet bne qu'oui, p'tet ben qu'non".
Il est toutefois important de fixer un cadre de "jeu" : pas plus d'un certain temps par mois (car il faut conserver le fonctionnement de la "cash machine"), chaque projet se voit allouer un budget de démarrage et roule raoul. No control pendant le déroulé du projet. Pas de contrôle, mais un accompagnement. J'imagine très bien un accompagnement du type Design Thinking (cc
@AurelieMarchal ) en alternance de postures d'ouvertures et de fermetures. Ensuite, il est important d'établir une "règle de sortie" du projet : Soit effectivement cela rejoint "le cadre de l'entreprise" et ça devient un produit.Service pour l'entreprise avec la charge aux personnes qui l'ont développé de le mettre en oeuvre, soit c'est quelque chose d'extra entreprise, et l'entreprise peut créer un "spin off" (filiale) suivant la viabilité du projet.
J'essaie de le faire dans ma boîte mais, justement, pas évident... notamment au niveau de la direction...