Dans une autre q sur Skiller, @gmaison parle de la responsabilisation des salariés (liée à l'usage de l'internet par ex.). Est-ce, à votre avis, qqc de bien répandu comme pensée aujourd'hui dans la culture d'entreprise française? Oui ou non, pourquoi? La liberté sous responsabilité devrait, dans la grande théorie au moins, responsabiliser les gens et les rendre "propriétaires" de leurs actions...

culture d'entreprise leadership management
1
4

7 réponses

il y a 9 ans par gmaison
Donc, je réponds ici :)

Alors pour moi, non. On est majoritairement dans une typologie de management aujourd'hui de "Command & Control" basée sur un ancien mode de réflexion économique où le contexte économique est linéaire, prévisible (par le calcul sur l'historique) et dont la finalité opérationnelle est l'optimisation du processus, si possible sans réflexion car ce n'est pas l'opérationnel qui réfléchit mais le management. Cette vision tayloriste est fortement ancrée, notamment parce que c'est comme ça que la plupart des quinqua chefs d'entreprise fonctionnent, que ça pouvait encore à peu près fonctionner comme ça jusqu'en 2008 (jusqu'à la crise) et que c'est encore comme ça que les programmes scolaires (de l'école primaire jusqu’aux grandes écoles) sont construits.

Toutefois, depuis 2008, avec la prise de conscience de la variabilité économique très importante (qui se caractérise souvent par une visibilité économique très faible - si ce n'est inexistante - au delà de 4 à 6 mois), ça devient de plus en plus difficile pour le management et pour les directions d'évoluer dans cette cécité économique. Donc, il faut trouver d'autres manières de faire. Et forcément ça cherche. "Nous" sommes en train de chercher de nouveaux modes de management, de leadership, de nouvelles démarches entrepreneuriales, etc... Bref, nous sommes bien dans un changement de paradigme du travail et le numérique vient y mettre son grain de sel.

Donc, parmi tous ces changements, certaines pistes explorent effectivement la responsabilisation des salariés, notamment par leur autonomisation, la confiance en eux, etc. ce que l'on pourrait regrouper sous le terme de l'entreprise libérée.

Par ce nouveau paradigme de l'entreprise libérée, on passe du "ça marche pas, je te punis, ça marche je te récompense" à "comment pouvons nous faire pour que ton travail te plaise et aille dans le même sens que l'entreprise ?".

Et pour finaliser cette réponse, je dirais que nous en sommes au début de la diffusion de cette mentalité. (en tout cas je fais tout pour chez mes clients ;) - que j'essaie en plus d'accompagner là dessus en plus de mon boulot premier :) )
6
il y a 9 ans par CeciliaSkroder
Merci. Bon, l'espoir est la dernière chose qui abandonne l'homme, alors je m'accroche...

Par la suite, il y a-t-il des "quinqua" , comme @gmaison les appelle, sur Skiller qui ont pu essayer ou vivre plusieurs modèles de management durant leur carrière, et qui pourraient commenter sur leur expérience - personnelle? - en plus de @oimoci (et je rajoute un disclaimer pour l'âge, je visais plutôt l'expérience... )

@gmaison, par curiosité, tu travailles où?
2
il y a 9 ans par oimoci
Cecilia, tu étais à quelques heures de faire la Une de la prochaine newsletter de Skiller... Tu étais ;)
Je connais personnellement des jeunes personnes de moins de 30 ans qui ont connu le avant/après chez Poult, Lippi, ... bref, toujours les mêmes !
Je vois aussi, tristement, une jeune génération d'entrepreneurs appliquer les recettes dépassées du management dans leur entreprise... De l'entretien individuel à la rémunération variable ! Quel gâchis !
Très bientôt, je vous en dirai plus sur ce que je pense du "management"...

En attendant, j'ai eu la chance de bosser avec une poignée de personnes remarquables ces dernières années, dont beaucoup sont déjà sur Skiller mais assez discrète, qui m'ont appris qu'autonomie et responsabilité allaient structurellement de paire, et que la limite à l'autonomisation n'était pas les personnes mais la structure dans laquelle elles tentaient d'exercer leurs compétences.
Isaac Getz a publié récemment un article dans Le Monde pour distinguer les notions d'autonomie et de liberté en entreprise. La liberté, c'est bien plus puissant (et exigeant) que l'autonomie dans le monde pro !
Et la liberté, de penser, d'agir, d'influencer, de partager, de débattre, ... cela n'existe quasiment pas dans ce monde...
Alors, comment parler de responsabilité de ses actes quand on ne peut agir ?

Il me semble que @gmaison faisait référence à la notion d'empowerment, de distribution du pouvoir... qui n'a pas vraiment d'équivalent en français (ce qui répond en partie à la question de @cecilevarin ;) ), et ce n'est peut-être pas complètement par hasard... Une notion qui prend petit à petit sa place dans toute la société, jusqu'à la gouvernance de la cité (e-gouvernance = empowerment du peuple).
7
il y a 9 ans par fdomon
"Nous sommes au début..."
Pour ceux qui veulent aller vite, c'est une mauvaise nouvelle. Nous sommes sur un changement générationnel. Ce qui veut bien dire qu'il va mettre plusieurs générations pour se généraliser.
La question du pouvoir ne va pas se régler du jour au lendemain. N'est pas Poult qui veut. Une grande banque risque d'avoir quelques difficultés à faire passer la pillule à ses 10000 seniors managers, ses polytechniciens ...
Certains pourtant commencent à faire les pas necessaires dans la bonne direction. www.usine-digitale.fr/article/je-veux-faire-de-... La question étant " ces quelques pas, déjà gigantesques pour une organisation comme bibendum, vont-ils ne s'arrêter que sur la case autonomie ou vont-ils mener à la libération ?
3
il y a 9 ans par gmaison
@CeciliaSkroder il ne s'agit pas d'espoir. Mais simplement de faire ce qui nous semble le plus juste et le plus respectueux (une forme de libéralisme humaniste :) ).

La libération des entreprises n'est pas un but ou un objectif. C'est un processus permanent, une finalité.

Quant à là où je bosse... géolocalement parlant, à Agen (47 - entre Bordeaux et Toulouse).
Professionnellement, j'ai ma boîte d'informatique (ESN spécialisé en infrastructure et DSI à temps partagé), un cabinet (indépendant) de consultant en entrepreneuriat spécialisé en incertitude (Effectuation & innovation) et pour terminer, fondateurs de 4 assos (dont je suis président de 3 ;) ),trois dans le numérique (1 école d'informatique, 1 Cluster numérique qui fait office d'incubateur & d'accélérateur, 1 fédérant les prestataires numériques de mon département) et une en entrepreneuriat (La Flèche Effectuale créée après le premier MOOC Effectuation de l'EMLyon par Philippe Silberzahn).

(tout ça sans respirer... ;) )
3
il y a 9 ans par cecilevarin
Je pense que les "usages" de notre responsabilité et de notre liberté en tant que travailleur vont changer profondement car nous sommes en train de changer ici de paradigme..
consequence de deux phenomenes notamment :
le premier c'est la sortie du salariat .. massive et deja bien entamée.. cette sortie du salariat change nos rapports au travail evidement mais aussi réetalonne libertés et responsabilité . Nous ne sommes plus dans un ecosysteme fermé avec un contrat de travail qui formalise les contours de notre liberté/soumission, à vie. Par ricochet notre apprehension du salariat et de l'entreprise bouge.
Nous rentrons dans une nouvelle ere , de co-travail.. Au dela de la question de la dereglementation, et de la protection sociale etc .. les entreprises collaborent avec des consultants ou auto entrepreneurs qui hier auraient ete salaries..
Or la fin de l'emploi à vie est intégré par les generations d'avant les "quinquas". Et avec, un sens de la liberté et de la responsabilité accrus. A mon sens.
Par ailleurs, c'est le second point, je pense que les "Y", "Z" etc , ont deja un rapport au partage et à la collaboration tres intuitif et pointu .. ce sont des "natives" aussi ici et si l'education nationale n'est pas encore prette à faire basculer les classes en mode "projet" , les enfants le sont deja , on le voit sur leur fonctionnement "social" digital et IRL.
6
il y a 9 ans par fdomon
Je partage l'ensemble des avis ici exprimés.
Pour avoir longtemps travaillé sur la notion des apprentissages en entreprise ( je passe ici sur le lien entre inno, apprentissages, management), il est clair que les pratiques managériales issues du taylorisme sont dépassées.
Maintenant, le manager reste dans l'esprit de l'énorme majorité le chef. D'ailleurs, autour de moi, personne ne parle de son manager mais bien de son chef: cela décrit assez bien la perception que l'on a du lien hiérarchique existant. Et comme le dit Isaac dans son dernier article, il est plus confortable de rester esclave que de vivre libéré. On en revient à la fable de la Fontaine Le Loup et le Chien.

Maintenant, j'ai un doute concernant le développement des modes alternatifs de travail. Est-ce la crise qui pousse à leurs essors ?
2
il y a 9 ans par oimoci
J'espère bien qu' @isaacGetz nous fera le très grand plaisir de partager quelques idées avec nous à l'occasion... Mais, chut, c'est un secret, Isaac est déjà sur Skiller :)
3
il y a 9 ans par SpaceTimeContinuum
Etant un fervent défenseur de la libération des salariés, de la délégation de contrôle (David Marquet - US Navy) et de toutes les formes "commerciales" des mêmes principes de "néo-management", je m'interroge sur la généralisation de l'envie de prendre des responsabilités dans l'entreprise...

En effet, est-ce que tout le monde veut être responsable de ses actions, sachant que c'est très "confortable" de se faire donner des ordres et de les appliquer en se disant "article 1: le chef a toujours raison / Article 2: si le chef à tord, revenir à l'article 1" !

Peut on imaginer une entreprise hétérogène dans laquelle ceux qui veulent être autonomes peuvent l'être et ceux qui ne le souhaitent pas, ne sont pas obligés de le devenir?

Jacques Jochem et al. dans leur livre "Mix Organisation" (www.eyrolles.com/Entreprise/Livre/le-mix-organi...) parle d'un entreprise à la fois "holistique" (cf. libérée) et "mécaniste" (cf. contrôle/commande), avec un mouvement qui se nourrit de l'autre (on retrouve des éléménets d'ambidextrie organisationnelle).

Est-ce qu'on ne se retrouve pas encore une fois dans une posture manichéenne qui consiste à chasser un côté pour aller à son extrême inverse?!

Est-ce qu'il ne faut pas reprendre les principes du Yin-Yang et faire cohabiter commande/contrôle ET autonomisation?

Je lance le débat! :)
4
il y a 9 ans par oimoci
Monsieur SpaceTime ;)
Ta réponse me fait penser à une réflexion pesante de l'innovation managériale : la déhiérarchisation d'une entreprise est un démarche autocratique décidée par le chef d'une organisation...!
Je vous livre cela brutalement, mais peut-être que @Gibet pourrait nous éclairer avec toutes ses compétences sur le sujet :)
4
il y a 9 ans par Charlene
De mon expérience, une chose qui n'a pas été souligné encore, c'est le fait de donner du sens à ce qu'on fait , d'y prendre du plaisir et de s'y épanouir. Faut être clair à mon sens, un salarié qui s'ennuie est un salarié qui s'il en a l'occasion va surfer sur le net pour son plaisir, ses activités, etc...Alors qu'une personne motivée et intéressée va réellement s'investir et n'abusera pas de la liberté.

C'est ce qui était appliqué dans le cabinet où je travaillais.
Tout était orienté bien-être, liberté, et flexibilité, et je ne l'ai jamais regretté. A titre d'exemple, chacun pouvait aller au marché bio du mercredi matin, si ça lui chantait, pouvait faire une micro sieste dans une salle dédiée, il pouvait sortir quand il le souhaitait s'il se sentait fatigué, pas de dress-code sauf devant les clients, etc...

Résultat, une incroyable équipe, prête à aider pendant les moments difficiles (faire des heures en plus, donner un coup de main pour faire des tâches qui n'étaient pas les leurs), un taux d'absentéisme extrêmement bas, et une forte efficacité
3
il y a 9 ans par CeciliaSkroder
@SpaceTimeContinuum, et @fdomon : Bien sûr on peut imaginer une entreprise qui a de la place pour tout le monde. Le monde est fait de personnes qui sont toutes différentes, ça en fait sa richesse.

Maintenant, je suis persuadée qu’en fonction de l’adaptation de la responsabilisation proposée, il y en a pour tout le monde, inclus ceux qui, à premier abord, rejettent la responsabilité parce que c’est "plus confortable".

J’imagine très peu de personnes qui à un tel point seraient des « je m’en foutistes » qu’ils ne voudraient pas être maîtres de leur travail et surtout de leurs compétences – lire valeur ajoutée - même si cela ne comprenait que de monter un levier au bon moment sur une ligne de production (comme je ne suis pas sûre à quel type de personne vous pensez quand vous en parlez, je fais un scénario un peu dans le vide), pourvu que l’accompagnement soit le bon pour qu’ils se sentent « empowered » importants, valorisés, ou motivés, comme le disent ou décrivent @gmaison, @oimoci, @cecilevarin, @Charlène_Challer

Voilà pour ma contribution au débat sur la place pour tout le monde. :)
3
il y a 9 ans par CeciliaSkroder
Charlène, c'est quoi ton identité "@Charlène..."? Je n'y arrive pas...
2
il y a 9 ans par Charlene
Je ne sais pas, on fait comment pour savoir ?
2
il y a 9 ans par oimoci
Mesdames, on corrige un petit bug qui vous autorise à créer un espace dans votre identifiant sur Skiller (ce qui ne devrait pas être le cas) dans les prochaines heures... En attendant, Charlène, merci de modifier ton profil en remplaçant l'espace entre ton nom et ton prénom par un "-" ou un "_", et on pourra te "mentionner" :)
2
il y a 9 ans par oimoci
C'est bien aussi @Charlene comme pseudo sur Skiller :) Je pensais, bêtement, que vous profiteriez d'être les premiers sur Skiller pour "squatter" des pseudos qui feront rêver dans quelques mois les nouveaux... D'ailleurs, je vais peut-être me créer un second compte juste pour réserver @Jerome ;)
3
il y a 9 ans par CeciliaSkroder
Merci a tous!
C'est tres interessant de lire comment vous voyez les choses. La discussion ne se tient pas de la meme facon partout, souvent... Donc encore un bravo a Skiller comme forum d'echange!

Charlène, j'avais touche sur le sujet du "sens" il y a quelques mois sur mon blog (qui, j'en suis desolee, est bien en anglais on m'a deja fait la remarque, mais j'espere que ca peut se lire malgre tout. Et je n'ai pas d'accents sur mon clavier ce matin si jamais mon francais vous parait louche) herringandcrispbread.wordpress.com/2014/12/03/...

Jerome, si jamais l'occasion de faire la une dans la newsletter revient, je ne dirai pas non! ;)
2
il y a 9 ans par SpaceTimeContinuum
Pour compléter la partie "sources d'inspiration", j'ai trouvé sur le Google Group [Entreprise Libérée - plus.google.com/u/0/communities/10100440921844..., cette référence diffusée par Luc Taesch (plus.google.com/u/0/+LucTAESCH/posts) qui me semble compléter les millions de sources déjà réparties chez chacun de nous!
www.liberatingstructures.com/
2

Vous aimez Skiller?

Rejoignez la communauté.